ACHAT D’UN TROUPEAU CAPRIN 

SAVOIR FAIRE LE BILAN

Lors de l’installation, il n’est pas rare de voir les sujets sanitaires expédiés plus rapidement que de raison. Le troupeau prévu au rachat a l’air en bon état, et le vendeur n’a rien à déclarer : pourquoi faudrait-il s’inquiéter ?

Tout d’abord, parce que certaines maladies ne se manifestent pas forcément de façon visible lors d’une visite d’achat : Pour le CAEV* ou la paratuberculose, des pratiques rigoureuses d’élevage des jeunes peuvent permettre de contrôler efficacement ces maladies sans les éradiquer. Cependant, si l’acheteur modifie le mode d’élevage des jeunes, elles peuvent prendre de l’ampleur en quelques années et devenir impactantes. 

Concernant le CAEV, la certification « troupeau indemne » peut permettre de sécuriser l’achat d’un lot de chevrettes par exemple. Compte-tenu de l’impact de cette maladie sur la santé globale du troupeau, ce choix peut se comprendre comme un réel « investissement sanitaire » lors de l’installation. Malheureusement en France, on estime que moins de 200 troupeaux de chèvres sont qualifiés indemnes. La faute jusqu’à présent à un protocole de prélèvements lourd et coûteux. Le sujet est aujourd’hui considéré prioritaire à l’échelon national par les GDS, afin de développer à terme une méthode de qualification plus accessible.

Si le projet d’installation inclut un mélange d’animaux issus de plusieurs cheptels, il faudra être vigilant à la concordance entre les statuts sanitaires de ces différents troupeaux. Par exemple, une maladie responsable d’avortements comme la fièvre Q peut être relativement peu impactante dans un troupeau bien immunisé. Elle pourra cependant se manifester fortement si des chèvres non immunisées sont introduites au contact de ce lot.

Lors d’une installation, il est parfois difficile de réussir à faire un bilan clair de l’état sanitaire du troupeau choisi. Le vendeur peut se sentir remis en cause, et l’acheteur n’a pas envie de voir s’évaporer son projet pour des raisons sanitaires qui peuvent lui paraître lointaines.

Le vétérinaire traitant ou le GDS peuvent apporter un accompagnement technique externe et objectif dans cette démarche. Plutôt que de remettre la vente en question, le but est d’anticiper la situation pour permettre une transition dans les meilleures conditions possible. Ils pourront ainsi proposer des analyses complémentaires adaptées au projet, puis des mesures concrètes de biosécurité en fonction des résultats. Par exemple en cas de mélange d’un troupeau indemne en fièvre Q avec d’autres animaux excréteurs, la vaccination en amont permettra de sécuriser la première saison de mises bas.

Ariane KLEIN – GDS44

*Virus de l’arthrite encéphalite caprine – responsable de boiteries chez les chèvres.